
Il en faut peu pour être heureux... C’est ce que se disent Les Souris Vertes lorsqu’elles se mettent à construire un ballon expérimental et à le lâcher dans le ciel courtinois pour en explorer la jungle environnante et la chaude atmosphère !
Des expériences ultra-perfectionnées
Les Souris Vertes travaillent sur des expériences de haute technologie ! Pour preuve, cette prise de photo à temps régulier que contenait la nacelle largable... Un moteur démultiplié entrainait une came qui elle-même appuyait sur le bouton de l’appareil photo : une expérience qui ferait pâlir plus d’un électronicien, puisqu’elle fonctionne parfaitement.
La nacelle principale contenait, quant à elle :
- une minuterie électronique couplée à une ventouse électromagnétique pour larguer la nacelle basse [1] ,
- un "pressiomètre", capteur analogique pour mesurer la pression atmosphérique [2] ,
- un appareil photo couplé, cette fois, à un timer électronique basé sur un NE555 (et qui fonctionnait aussi !).
Une équipe volontaire
P’tit Baloo fut pour nous l’occasion de tout apprendre de l’électronique et de la soudure, ou de tout apprendre de la pression atmosphérique ou de tout apprendre de la conception fantaisiste des appareils photo... ce qui prît du temps, beaucoup de temps ! Et comme dit la fable, nous nous trouvâmes fort dépourvus quand la bise... enfin, la campagne nationale des clubs espace fut venue.
A notre arrivée à La Courtine, nous avons dû redoubler d’efforts : puisque les contrôles, les lancements, les animations, pour lesquels nous étions bénévoles, nous occupaient la journée, il nous restait donc les nuits pour terminer la mise au point des expériences. Et avec l’aide et la générosité de quelques badauds [3] qui s’arrêtaient à notre stand, P’tit Baloo fut finalement près pour prendre son envol, au petit matin du jour prévu pour le lâcher.
Des préparatifs de dernière minute
Jusqu’au lâcher, la chronologie nous dicte scrupuleusement les dernières opérations à effectuer : après le branchement des expériences et le basculement des interrupteurs, tout le monde est à son poste. Anabel s’occupe de la nacelle largable, Julie de la nacelle principale et Frédéric... papote avec le public !
Mais n’en disons pas plus, le moment fatidique arrive...
Un lâcher mémorable
Le principe du lâcher de ballon est identique à celui de la soupe instantanée : au départ, vous avez une enveloppe toute sèche, vous lui ajoutez plusieurs litres d’hélium et vous obtenez un bon gros ballon tout gonflé. Toutefois, alors que la soupe se moque bien d’être ébouillantée, il vous faudra quelques assistants pour calmer et retenir le ballon qui n’apprécie que moyennement cette subite aérophagie et qui ne souhaite que s’en aller avant le décompte final.
Une récupération réussie
H + 49 secondes : après un petit survol du camp militaire, la nacelle largable est... larguée ! Elle retombe non loin du lieu de lâcher, pendant que sa grande sœur (4) s’éloigne parmi les nuages et les gazouillis des cormorans qui passent à proximité (à moins que ce ne soient des flamands roses). Tels les enfants de la famille Inngals, nous gambadons à grandes foulées à travers les étendues herbées pour récupérer fièrement ce cadeau tombé du ciel !
Des résultats... légers
Les deux nacelles récupérées, nous allions pouvoir analyser nos expériences et rendre compte de leurs résultats (que vous trouverez ci-dessous dans les documents joints) !
La première expérience de la nacelle largable fut encourageante, puisque nous obtînmes de splendides clichés de bâtiments militaires superbement alignés dans le champ de l’appareil photo. Elle nous permit d’ailleurs de valider une méthode de calcul de l’altitude et, par extension, de la vitesse d’ascension.
A la réception de la nacelle principale [4] , nous nous félicitions donc de pouvoir reproduire cette méthode avec les clichés pris par l’appareil photo électronique, dont nous avions vérifié qu’il avait parfaitement fonctionné. Grande fut notre déception lorsque nous allions récupérer les photos développées au labo : "ça vous fait zéro euro", nous dit fièrement (et un peu hilare) le vendeur en nous présentant le ticket de caisse et des clichés entièrement noirs. En effet, tandis que le système déclenchait bien une prise de vue toute les 6 minutes, deux pales du diaphragme restaient bloquées, rendant notre P’tit Baloo aveugle.
Et ce ne fut pas les résultats du pressiomètre qui nous consolèrent, puisque le crayon appuyant trop fortement sur la bande de papier lors de son déroulement, celle-ci s’était déchirée dès le début du vol.
Mais qu’importe, nous avions pu valider quelques expériences, que nous pourrions plus tard reproduire avec de jeunes souriceaux verts !
Et c’est d’ailleurs ce que nous avons présenté très sérieusement aux gens qui décernent les prix Gifas, deux mois plus tard, au Musée de l’Air et de l’Espace ; amusés ou surpris de voir de grands enfants comme nous jouer au ballon, ils nous accordèrent... leur écoute. Et cette aventure se termina autour d’un buffet.
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[1] Une ventouse électromagnétique, à aimant permanent, permet de maintenir une contre-plaque sans être alimentée ; une brève impulsion de courant (de 24 volts tout de même) suffit à décoller cette plaque.
[2] Expression très technique pour décrire en fait une seringue pressurisée, munie d’un crayon qui se déplace sur une bande de papier déroulante.
[3] Nous remercions à ce propos Anaël pour la décoration de nos nacelles ainsi que Damien et Romain pour leur coup de main sur le pressiomètre.
[4] La nacelle principale sera retrouvée quelques semaines plus tard, dans le Cantal.