
Une fusée qui éjecte de la chantilly et se coupe en deux pour libérer son parachute ne pouvait s’appeler autrement que Banana Split. Un projet qui se réalisa dans l’ambiance de la chanson de Lio...
Un projet "mûrement" réfléchi
Après le lancement de Dare Dare Motus, Banana Split était le nouveau projet sorti des idées toujours farfelues des mêmes Souris Vertes. A l’époque, la fusée devait se composer d’un corps en PVC, dans lequel était encapsulé une bombe de chantilly ; mais celle-ci ne pouvant être insérée complètement dans un tube de diamètre 63mm, la fusée se composait donc de deux tubes sertis sur la bombe : outre la flèche importante que cette conception induisait, le système mécanique pour l’éjection de chantilly s’en trouva également compliqué. Prévue pour être lancée en 2003, la fusée ne fut jamais terminée dans les temps. Le moratoire de 2004 eut raison du projet : les contrôles de flèche du nouveau cahier des charges semblaient plutôt incompatibles avec sa structure. Il fallut attendre deux ans pour que l’idée de cette fusée nous inspire à nouveau et nous semble réalisable, en utilisant notamment une peau non-porteuse en fibre de verre.
Un peu de CAO dans la conception
A la différence de beaucoup de nos projets précédents, principalement conçus sur papier, et connaissant les difficultés d’intégration que posait un tel projet, Frédéric se décida à travailler sur SolidWorks pour concevoir les pièces et leur assemblage. En effet, nous avions choisi des profilés en T pour tenir la structure ; la réalisation des plaques interétages était plus complexe et nécessitait des plans précis.
L’Opération Résine
Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ? Pour réaliser la peau de Banana Split, Frédéric n’avait qu’une idée en tête ; la faire en résine et fibre de verre (plus léger, plus beau, plus pro... et surtout du diamètre voulu !). Nous allions donc profiter de l’expérience de Julie qui avait déjà utilisé la fibre de verre aux GSA sur le projet Pandora.
L’opération commença tout d’abord par l’attaque du Castorama d’Ormesson pour réquisitionner le matériel nécessaire : cire de démoulage, résine, fibre de verre. L’opération se poursuivit quelques jours plus tard au Castorama de Créteil pour kidnapper des tubes PVC de diamètre 63mm [1] et de l’acétone.
Enfin, le grand jour arriva : samedi 10 Mars 2007.
16h28 : préparation du matériel,
17h04 : 1ère couche de cire de démoulage sur l’échantillon, et sur le tube en PVC qui sert de moule [2],
17h29 : 2ème couche de cire,
17h53 : pour plus de sécurité, 3ème couche de cire sur le tube et séchage au sèche-cheveu,
18h01 : début du test sur l’échantillon,
18h12 : découpage des bandes de fibres de verre,
19h00 : début de l’offensive. Ce combat acharné a duré jusqu’à 20h10 ! Tout ça pour ça...
La réalisation des pièces mécaniques
L’Opération Résine terminée, nous avions une peau en fibre de verre, qu’il fallut d’abord couper sur toute sa longueur pour la dégager du tube support et remédier ensuite aux nombreuses imperfections, à savoir reboucher les trous et poncer les bosses (beaucoup poncer, aux dires de Julie...).
L’ogive fut réalisée en collant trois plaques de polystyrène extrudé puis en ponçant sur perceuse le bloc obtenu [3].
Enfin, la fabrication des plaques interétages, à partir des plans issus de SolidWorks, fut également un long travail... En effet, l’intégration devait reprendre les efforts aérodynamiques en même que s’ouvrir sur la moitié de sa longueur ; il nous fallait donc réaliser des pièces particulièrement précises qui ne laissent aucun jeu latéral.
La chantilly, un traceur biologique
Embarquer un fumigène pour visualiser la trajectoire est plutôt très contrindiqué dans une fusée ! Quel équipement peut alors s’y substituer ? Le département R&D des Souris Vertes eut donc la merveilleuse idée de concevoir un système de traceur biologique sur la base d’une bombe de chantilly [4]. Comprimée par un puissant motoréducteur qui se déclenche au décollage, la bombe éjecte ainsi la chantilly qui est canalisée ensuite dans un tube adapté.
Promenons-nous dans les bois
Terrain militaire de La Courtine. Pour la troisième année consécutive, Les Souris Vertes sont présentes sur la campagne nationale pour y lancer notamment Banana Split. 3, 2, 1, mise à feu ! Avec la flamme du Cariacou qui s’en échappe, notre fusée est une belle banane flambée, dont le jaune vif se détache sur le bleu céleste, alors que la chantilly s’échappe en petits flocons difficilement perceptibles. Puis c’est la culmination : l’ouverture longitudinale laisse s’ouvrir le parachute qui emmène notre fusée au loin dans la forêt qui jouxte le terrain. Avec ses troncs entremêlés au sol, elle ressemble davantage à un jeu de mikado géant, dont Banana Split fut définitivement prisonnière, malgré nos recherches effrénées.
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[1] Avis aux amateurs : c’est à peu près le seul magasin de bricolage pas loin de Paris où l’on peut encore trouver ces tubes !
[2] Penser à passer le tube à l’acétone avant de poser la cire, pour que la surface soit bien propre. Si l’opération se déroule dehors, attention aux moucherons kamikazes !!
[3] Araser les surfaces de polystyrène à coller.
[4] L’expérience n’a pas été brevetée et est déposée sous licence Creative Commons ; vous pouvez donc allègrement l’intégrer dans vos projets futurs.